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La métamorphose nécessaire de la médiathèque l'Apostrophe

La médiathèque l'Apostrophe vu depuis le boulevard Maurice-Viollette en droneCulture

03 novembre 2023

Le dernier Conseil municipal a vécu une vive controverse entre la majorité d'un côté, les Verts et l'extrême gauche de l'autre. Objet : les orientations nouvelles de la médiathèque l'Apostrophe.


Votre Ville : Comment vivez-vous cette nouvelle querelle ?

Jean-Pierre Gorges : C'est toujours la même histoire, ces progressistes revendiqués refusent l'évolution. Ils se disent même révolutionnaires mais rejettent l'irruption de nouvelles technologies. En fait et au sens propre du mot, ce sont des « réactionnaires », qui rêvent d'un retour en arrière. Or les crises, quelles qu'elles soient, ne font que précipiter presque chimiquement les évolutions en cours. Au XIXe siècle, ces gens-là auraient été contre le chemin de fer. Quelques villes l'ont fait : regardez où elles en sont aujourd'hui. Mes adversaires de 2001, dont mes opposants d'aujourd'hui sont les héritiers, avaient déjà accepté que le TGV ne passe pas par Chartres… Quand mon équipe a pris les rênes de la Ville en 2001, nous avons hérité d'équipements culturels dépassés, dont certains même menaçaient ruine, du conservatoire au théâtre, en passant par un cinéma fermé et une bibliothèque, adjacente alors à l'hôtel Montescot, dont les personnels plaisantaient en disant que c'étaient les étagères de livres qui tenaient les planchers. Il existait bien un projet de médiathèque, ou plutôt sept projets. La Communauté d'agglomération d'alors avait prévu d'implanter une médiathèque dans chacune des communes qui la composaient. Les beaux discours étaient là mais pas l'argent. Et c'est à l'unanimité que le nouveau Conseil communautaire, gauche et droite ensemble, a renvoyé l'idée aux oubliettes. Nous avions nous-mêmes d'autres priorités pour Chartres, même si notre premier chantier achevé a été en 2003, celui d'un équipement culturel, lorsque nous avons installé le conservatoire dans le magnifique cloître des Cordeliers, entièrement rénové.

VV : Qu'est ce qui a permis la création de la médiathèque l'Apostrophe ?

JPG : Un concours de circonstances. Fin 2001, j'ai visité ce qui était alors l'Hôtel des Postes à l'invitation de son directeur. Celui-ci voulait faire évoluer la Poste chartraine. Il recherchait un bâtiment dans lequel il pourrait installer ses guichets dans l'hypercentre, un autre emplacement destiné au centre de tri, etc. Il se trouve que dès mon arrivée aux affaires j'avais pris connaissance d'une évaluation par l'État (le Service des Domaines) de la valeur de nombre de bâtiments publics dans Chartres. Je lui dis alors : « si je vous trouve les emplacements que vous recherchez, vous seriez prêt à lâcher ce bâtiment ? » Il me répond : « À quel prix ? » Je lui propose 23 millions de francs, c'était l'évaluation des Domaines, il me tend la main : « Cochon qui s'en dédit ! » C'est ainsi que nous avons installé une médiathèque de 5 000 m² pour remplacer, et bien au-delà, une bibliothèque vieillissante de 700 m².

VV : Vos opposants ont applaudi ?

JPG : Pas du tout. Sans doute parce que l'idée n'était pas la leur. L'un d'eux a même soutenu en Conseil municipal que les murs de l'Hôtel des Postes ne pourraient pas supporter le poids des livres à l'intérieur. Pourtant, M. Chémétov, le célèbre architecte qui avait gagné le concours que nous avions lancé, était réputé pour les bâtiments culturels qu'il avait réalisés un peu partout. Alors mes opposants ont changé leur fusil d'épaule, ils ont comme toujours cherché à faire peur aux Chartrains en m'accusant de vouloir fermer la bibliothèque de la Madeleine. Observez qu'elle est toujours là. Et nous avons ouvert l'Apostrophe au printemps 2007. Un mois plus tard, à l'occasion des élections législatives de juin 2007, ils ont intenté un recours devant le Conseil constitutionnel à l'occasion de ma réélection en prétendant que j'avais utilisé cette inauguration pour ma campagne électorale. Le Conseil constitutionnel ne les a pas suivis, après avoir vérifié que cette inauguration clôturait effectivement la fin des travaux. Ensuite ils ont refusé que l'association des Amis de la bibliothèque, évidemment contrôlée par leurs amis, devienne l'association des Amis de la médiathèque. Heureusement, des Chartrains convaincus de la qualité du nouvel équipement ont créé cette association. Mais mes opposants ont maintenu la précédente qui n'avait plus d'objet. Un vrai parcours du combattant.

VV : Le succès de l'Apostrophe a tout de même fini par faire taire les critiques ?

JPG : Nous avons investi 22 millions d'euros dans cette réalisation magnifique, qui a connu tout de suite un succès immense. Très vite d'ailleurs ses usagers sont venus non seulement de Chartres mais aussi des 6 autres communes de l'Agglomération d'alors et même de bien au-delà. Au point que les non-chartrains devinrent majoritaires parmi les utilisateurs, un triomphe de la culture pour tous, tellement le coût de l'abonnement était dérisoire. Cette médiathèque méritait déjà son nom : on y trouvait beaucoup de livres bien sûr, mais aussi des CD, des DVD et des CD-Rom, moins accessibles au grand public. Avec les ordinateurs qui permettaient l'accès libre à Internet. Ses façades restaurées, de superbes fresques Art Déco réapparurent et le bâtiment fit très tôt partie du parcours de Chartres en lumières. Son succès a été tel que les touristes asiatiques qui débarquaient des cars sur les boulevards le photographiaient en le prenant pour la cathédrale.

VV : Pourquoi avez-vous décidé d'engager l'Apostrophe dans une nouvelle étape ?

JPG : Pour deux raisons majeures. La première, c'est que depuis 2007 de nouvelles technologies sont apparues. Les chaînes TV numériques, les chaînes TV sur Internet comme Youtube, les réseaux sociaux. Il se vend aujourd'hui davantage de presse numérique que de presse papier, de même ou presque pour les livres sur tablettes. Votre smartphone d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec votre téléphone portable de 2007. Aujourd'hui on peut visiter un musée en vidéo, même en animations 3D qui ressuscitent des œuvres disparues. Un musée et aussi ses réserves, trop souvent méconnues du public.

Et deuxièmement, comme toujours une crise est venue accélérer le processus. La pandémie a changé les habitudes des gens confinés. Ils se sont trouvé de nouveaux outils, l'e-économie aidant. Les gens ont aussi perdu l'habitude de sortir et d'aller au spectacle. La fréquentation de la médiathèque, accessible par les outils informatiques, en a subi les conséquences. L'affluence a nettement baissé. C'est vrai pour l'Apostrophe comme c'est vrai pour d'autres équipements culturels publics ou commerciaux, même si l'on constate une reprise très progressive. Il aura fallu deux ans. Et il faut le dire, et le répéter, nous ne reviendrons pas au monde d'avant. Il nous faut adapter l'équipement aux nouvelles réalités.

VV : Et aux nouvelles technologies ?

JPG : C'est vrai. L'apparition grand public de l'Intelligence artificielle (IA) a créé un choc. Deux attitudes possibles : la première, celle de mes opposants, c'est de se cabrer, de refuser l'évolution. De faire peur aux gens. L'IA serait une menace. On a dit ça de l'informatique. Regardez où nous en sommes et combien cette nouvelle industrie a créé d'emplois en facilitant la vie des gens, à un coût raisonnable. Deuxième attitude, la nôtre évidemment : accepter le nouvel outil et surtout se l'approprier. Et mon rôle de maire, qui consacre une grande partie des finances de la Ville à la Culture, son fonctionnement et ses équipements, c'est de permettre au plus grand nombre de s'approprier les nouveaux outils de l'Intelligence artificielle. Je préfère d'ailleurs l'appeler l'Intelligence augmentée. Les nouvelles générations, mais pas qu'elles, doivent s'initier à ce qui fait déjà partie de leur vie. Si vous savez vous en servir, vous risquez moins d'en devenir esclave. Et l'IA est déjà dans nos vies. Nos smartphones l'utilisent largement. Je croirai nos opposants quand ils renonceront à les utiliser. C'étaient déjà les mêmes qui, au Conseil municipal, protestaient contre les antennes relais… seulement près de chez eux. Mais je n'en n'ai jamais vu renoncer à leurs portables. L'IA, c'est le chemin de fer du XXIe siècle. Et les Chartrains méritent mieux que de rester comme des vaches à regarder passer les trains… L'Éducation nationale, que l'on décrit trop souvent comme une lourde machine, l'a parfaitement compris et veut s'associer à nos initiatives, et même faire de notre école Henri-IV une école pilote en la matière. Nous allons expérimenter une nouvelle organisation, de nouveaux outils. À l'Apostrophe comme ailleurs. Au fond, c'est simple : une médiathèque doit en permanence accueillir les nouveaux médias. Et y initier le plus grand nombre. Et si cette expérience devait bafouiller, nous saurions en tenir compte. L'homme apprend toujours de ses erreurs. C'est même le vrai sens du mot progrès.


L'Apostrophe entre dans l'ère méd'IAthèque

De bibliothèque à médiathèque, l'Apostrophe devient aujourd'hui une méd'IAthèque ! Elle proposera des conférences et des ateliers sur les nouvelles technologies ainsi que des accès simplifiés aux nouveaux outils, tels que ceux alimentés par l'intelligence artificielle. L'objectif ? Permettre à tous de se familiariser avec les innovations qui façonnent notre quotidien et de mieux appréhender la société dans laquelle nous vivons. En savoir plus.

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