Alors que Chartres célèbre le 20e anniversaire de son jumelage avec Evora, au Portugal, Patrick Géroudet, conseiller municipal, délégué aux Relations internationales et à la Promotion de la ville, évoque l'historique et les échanges des jumelages chartrains.
Votre Ville : Pouvez-vous nous retracer l'historique des jumelages chartrains ?
Patrick Géroudet : Dans les années 1950, on comptait sur les jumelages pour œuvrer à la réconciliation et à la construction d'une Europe unie. Ravenne, en Italie, en 1957, Chichester, en Angleterre, et Spire, en Allemagne, en 1959, sont les trois jumelages historiques de Chartres. C'était un acte fort à l'époque de lier des pactes de jumelages avec des villes allemandes, un peu plus de dix ans après la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup plus tard, dans les années 1990, la deuxième vague de jumelages a vu la Ville sceller des amitiés avec des pays lointains : Sakurai, au Japon, et Bethléem, en Palestine. Depuis 2001 et l'arrivée de la nouvelle municipalité, on a remis l'accent sur l'Europe en accueillant Evora, au Portugal, et Léon, en Espagne, dans le cercle des villes jumelées avec Chartres.
VV : Quelle est la vocation des jumelages ?
PG : Ils répondent à un besoin d'ouverture sur le monde et d'échanges entre citoyens, des jeunes en particulier, de deux pays. Des élèves de collèges et lycées chartrains, comme des adultes, entretiennent ainsi des liens permanents avec les villes partenaires à travers le monde, par le biais notamment de visio-conférences, adoptées par l'association des Amis des jumelages de Chartres pendant la crise sanitaire.
VV : Sur quels critères les villes jumelles ont-elles été choisies ?
PG : L'idée a toujours été d'opter pour des villes ayant beaucoup de points communs avec Chartres : une histoire millénaire ; une population plus ou moins équivalente ; une position géographique comparable, à une centaine de kilomètres d'une grande métropole ; un patrimoine remarquable… Comme Chartres, Bethléem, Evora, Ravenne, Sakurai et Spire comptent ainsi un bien inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco. Léon possède l'une des plus belles collections de vitraux au monde, Chichester est une ancienne cité romaine d'importance.
Quelles relations Chartres entretient-elle avec ses villes jumelles ?
PG : Elles sont de tous ordres. Les collégiens et les lycéens profitent des échanges et stages linguistiques à l'étranger et des rencontres entre adultes sont organisées chaque année par l'association des Amis des jumelages de Chartres.
Au niveau culturel, nous faisons aussi régulièrement des échanges d'expositions avec Spire, Ravenne, Chichester et Evora. Les jumelages peuvent aussi susciter des développements économiques, à l'image de cette farine baptisée Chartres, fabriquée à Sakurai avec du blé de Beauce et exportée jusqu'à Tokyo, ou urbanistiques, avec la reprise à Bethléem du modèle chartrain des rues piétonnes.
L'origine des jumelages
Si l'instauration, en 836, d'une relation religieuse entre les villes du Mans et de Paderborn, en Allemagne, peut être considérée comme la plus ancienne forme de jumelage en Europe, le concept même de villes jumelées a vu le jour au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec la création, en 1951, par Jean-Marie Bressand, de l'association internationale Le Monde bilingue. Laquelle devient en 1957 la Fédération mondiale des villes, une association de collectivités locales réparties dans plus de 80 pays, essentiellement en Europe, en Afrique et en Amérique latine. Le traité de l'Élysée accéléra en 1963 les jumelages entre villes françaises et villes d'autres pays européens, et les jumelages franco-allemands plus particulièrement.
Renseignements
Chartres International
10, place de l'Étape-au-Vin
- Tél. 09 54 68 07 35
- Site : www.chartresinternational.com
Association des Amis des jumelages de Chartres
2, rue Chanzy
- Tél. 02 37 21 76 77
- Site : www.jumelages-chartres.fr