D'Autricum à aujourd'hui, 2 000 ans d'urbanisation ont marqué Chartres de son empreinte. Pionnière en matière de protection du patrimoine, la Ville s'évertue à préserver son bâti ancien mais aussi à le réhabiliter et l'enrichir par de nouveaux logements, équipements et services publics modernes et respectueux du paysage historique de la cité.
De l'époque antique au Moyen Âge, Chartres rayonne par la richesse de son bâti remarquable. En première ligne sur la protection de son patrimoine, la Ville est fièrement représentée par sa cathédrale inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, depuis 1979. Après la Seconde Guerre mondiale et les bombardements qui ont partiellement détruit la cité, la protection du bâti ancien et la reconstruction se sont imposées plus que jamais. En 1971, le centre historique de Chartres est le second en France à passer en secteur sauvegardé sur un périmètre de 64 hectares autour de la cathédrale, dans le cadre du plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV). Ainsi, il constitue la zone tampon permettant la préservation de la valeur de l'édifice.
Plus de 20 ans d'engagement
L'état de délabrement des quartiers historiques de Chartres et des constructions d'origine médiévale impliquent de procéder à leur réhabilitation et à détruire les bâtiments en mauvais état pour reconstruire dans une architecture plus contemporaine. Depuis 2001, la Ville met en place une stratégie de préservation de son patrimoine bâti afin d'effacer son étiquette de belle endormie, consciente que sa valeur réside dans l'entretien, la restauration et la réhabilitation du bâti ancien. Elle a engagé l'opération Cœur de ville, qui a permis depuis plus de vingt ans de restructurer les boulevards entourant le cœur historique, de libérer les espaces par la création de parkings souterrains, de magnifier son centre piétonnier et de mettre en valeur ses édifices et équipements remarquables.
Concernant l'habitat ancien du cœur de ville, la Ville s'emploie à entretenir le patrimoine architectural. Dans le cadre de l'opération Action Cœur de ville, lancée par l'État en 2018, elle peut avoir recours à des dispositifs (opération Façades, opérations de restauration immobilière…) permettant d'accompagner les propriétaires privés dans la rénovation de leurs immeubles. Les objectifs : garantir la pérennité du cadre authentique du cœur de ville, endiguer la vacance de logements inadaptés par leur réhabilitation et favoriser l'activité commerciale.
Dans ses nouveaux projets, la Ville veille à respecter le style de son patrimoine bâti. Cette règle s'étend au-delà du cœur de ville dans ses quartiers en reconstruction, comme Les Clos et La Madeleine, où les nouveaux programmes s'inscrivent dans sa typologie.
La directive paysagère
Inscrite dans le cadre du Plan de gestion de la cathédrale, la directive paysagère fixe des règles de préservation strictes des vues sur la cathédrale afin d'assurer la protection, la conservation et la mise en valeur du monument. Plus de 450 sites sont répertoriés dans un rayon de 30 kilomètres autour de la cathédrale. Le document contient une série de recommandations comme l'encadrement des hauteurs de constructions et des plantations, l'exclusion des objets de très grande hauteur, la définition d'une palette de couleurs de bâtiments et le choix des candélabres.
L'approche à 360° de la directive paysagère oblige, de fait, à réfléchir à la façon de composer les projets urbains.
« Mettre en avant les anciens éléments architecturaux »
Karine Dorange, adjointe à l'Urbanisme et aux Travaux : L'esprit du bâti chartrain se retrouve dans ses constructions d'origine médiévale caractérisées par des ouvrages à pans de bois. Dans ses nouveaux projets urbanistiques, la Ville a cœur à mettre en avant ses anciens éléments architecturaux. Elle doit, par ailleurs, obéir à des contraintes d'intégration dans le secteur sauvegardé. Le plan de sauvegarde et de mise en valeur et le plan local d'urbanisme obligent les projets à s'intégrer dans le respect du bâti ancien. Au-delà du cœur de ville, cette disposition s'étend aux quartiers de la Ville à l'image du futur programme Renaissance à La Madeleine, à l'angle des avenues Pichard et des Sablons. Les quatre bâtiments, organisés le long d'un mail central paysager et arboré, ponctué de deux placettes, mettront en valeur la vue existante sur la cathédrale.
« Il n'y a pas de modernité sans mémoire »
Jean-François Plaze, adjoint en charge de l'Action Cœur de ville et architecte : Depuis 2001, la Ville se développe au fil des réalisations de projets emblématiques portés par un maire bâtisseur. À Chartres, tous les bâtiments publics se démarquent par leur personnalité architecturale. En témoigne le pôle administratif, un projet qualitatif réalisé par Jean-Michel Wilmotte qui illustre le mariage réussi entre les architectures contemporaine et vernaculaire avec des références aux codes médiévaux. Au même titre, Rudy Ricciotti a montré sa grande adresse pour la façade du cinéma grâce à son regard d'artiste. Ce qu'on attend d'un architecte, c'est son écriture et sa créativité, notamment sur les projets neufs d'habitations. Elles doivent interpeller les sensibilités mais, avec une notion élémentaire : la mémoire des lieux. Il n'y a pas de modernité sans mémoire.
Le PSMV, c'est quoi ?
Le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) est un document de planification qui assure la sauvegarde et la mise en valeur des sites patrimoniaux et, avant eux, des secteurs sauvegardés. Sur le périmètre qu'il couvre, le PSMV tient lieu du plan local d'urbanisme (PLU). Il comprend entre autres un règlement et peut comporter des orientations d'aménagement et de programmation (OAP) relatives à des immeubles bâtis ou non bâtis ou ensembles d'immeubles.
La différence entre le PLU et le PSMV se trouve dans leurs périmètres de compétence. Le PSMV s'applique à une partie ou à la totalité du périmètre d'un site patrimonial remarquable (SPR). De son côté, le PLU couvre toute la ville sauf le périmètre du PSMV.