Un grand gymnase par quartier ! À l'approche de l'ouverture du Colisée, Jean-Pierre Gorges recentre la politique d'équipements sportifs de la Ville sur la pratique en amateur. Et donc la proximité. Explications.
Votre Ville : En matière d'équipements sportifs, l'année 2024 sera d'abord marquée par la mise en service du Colisée ?
Jean-Pierre Gorges : Premier match de handball le 5 avril avec un Chartres-Limoges grand format. On sent monter une réelle attente du public et des amoureux du spectacle sportif. Nombre d'amateurs avaient renoncé à venir à la Halle Jean-Cochet, trop exiguë les grands soirs. Aujourd'hui, ils se renseignent à nouveau avec à l'idée de prendre un abonnement au Colisée.
Nombre de sociologues ont comparé nos stades à des cathédrales d'aujourd'hui, où se rassemblent les amateurs de toutes origines et de toutes classes sociales, de toutes les générations aussi. Ce sera encore plus vrai au Colisée qui accueillera également des spectacles culturels avec une Première le 14 septembre et la venue de Michel Polnareff.
Entre-temps, nous aurons pris possession des installations du Colisée fin janvier-début février. Nous aurons ensuite deux mois pour prendre véritablement en main les lieux avant l'ouverture.
Nous ne donnons pas de dates pour les matches des C'Chartres Basket Masculin et C'Chartres Basket Féminin. Elles dépendront évidemment des résultats en saison régulière de ces deux formations, lesquels conditionnent les dates des play-offs espérés.
En matière de spectacles culturels, les artistes tournent entre septembre et la fin du printemps, avant de se produire ensuite dans les festivals d'été.
Enfin, pour répondre ici à de nombreuses questions bien légitimes, il faut savoir que le prix des places de spectacle est fixé par leurs producteurs, et pour les rencontres sportives, par les clubs.
Avec le Colisée, nous allons vraiment changer de dimension, d'époque, comme lorsque l'Odyssée a succédé aux anciennes piscines.
VV : Cette nouvelle arène va-t-elle selon vous dynamiser la pratique sportive des amateurs chartrains ?
JPG : Le sport amateur chartrain, c'est une centaine d'associations et environ 10 000 licenciés. C'est déjà considérable au regard de la population de la ville, surtout si l'on y ajoute tous ceux qui pratiquent le sport, l'activité physique comme un loisir, par exemple sur les chemins ou les pistes cyclables du Plan Vert, le long de l'Eure.
Nous regardons le sport comme un tout, comme une fusée à plusieurs étages également nécessaires l'un à l'autre. Le haut niveau stimule, attire. Les champions les plus célèbres font partie des héros de la jeunesse d'aujourd'hui. On l'a constaté il y a quelques années lors de la saison où le C'Chartres Basket Masculin jouait en Pro B. Les matches attiraient un public plus large, venu d'au-delà des limites habituelles de l'agglomération. Le sport professionnel est une locomotive, mais je ne connais pas de train sans wagons.
Remarquez aussi qu'il n'existe pas d'équipes professionnelles qui ne dépendent pas d'une association originelle amateur, seule à détenir l'agrément officiel. L'unique différence entre sport professionnel et sport amateur doit être d'ordre juridique et financier. L'activité professionnelle dans un club doit être gérée par une SAS, une société à objet sportif. C'est désormais le cas pour le handball masculin et le football et nous travaillons avec les associations pour arriver à une organisation similaire dans les baskets masculin et féminin. C'est la deuxième étape du projet que nous menons depuis longtemps, quand nous avions demandé aux divers clubs de l'agglomération d'unir leurs efforts pour présenter une seule équipe fanion de haut niveau par discipline. Toute concurrence en la matière freinant les résultats et divisant les ressources. Du simple bon sens.
VV : Comment favoriser le sport amateur, le sport de masse ?
JPG : Nous aidons déjà beaucoup tous les clubs, toutes les associations qui en font la demande et qui déploient une activité réelle. Outre ces subventions, nous agissons également par les équipements que nous mettons à leur disposition. Comme je l'ai déjà dit, nous n'allons pas construire un deuxième Colisée, une deuxième Odyssée. En revanche, nous voulons désormais que tous les quartiers de Chartres disposent d'un gymnase neuf ou remis aux normes les plus récentes, capable d'accueillir la pratique amateur et scolaire quotidienne, comme les compétitions départementales ou régionales.
Aujourd'hui, nous disposons à Chartres de 5 gymnases de bonne qualité : celui du lycée Fulbert, qui est ouvert hors temps scolaire à la pratique associative ; le gymnase Rosskopf à côté du collège Mathurin Régnier ; toujours à La Madeleine le complexe sportif du même nom, près du collège Victor Hugo ; la Halle Jean-Cochet bien sûr, désormais d'autant plus accessible que les équipes professionnelles vont devenir résidentes du Colisée ; et enfin le CRJS, qui a son activité propre.
Nous allons lancer la construction du nouveau gymnase des Clos, projet prévu dans le cadre de la restructuration urbaine de l'ancien quartier de Beaulieu. Et aussi en accord avec le conseil départemental, nous allons en construire, ou plutôt en reconstruire un autre à proximité du collège Jean Moulin, auquel les élèves de cet établissement auront accès, les associations du secteur prenant le relais hors usage scolaire.
Cette double utilisation, scolaire et associative, permet évidemment d'optimiser l'occupation d'équipements qui ont un coût important. Un gymnase comme celui des Clos, c'est une dizaine de millions d'euros. Tout le monde comprend que nous ne pouvons financer et construire tout en même temps. Mais nous nous attachons à respecter la cohérence, la complémentarité entre les divers étages de notre fusée sportive.
