À l'issue de la troisième et dernière session des groupes de travail du plan de gestion UNESCO de la cathédrale, fin novembre, la Ville dresse un bilan des propositions recueillies avant la rédaction de « fiches action », engagements concrets, programmés et partagés.
La troisième session des groupes de travail, organisée fin novembre, a marqué la fin de la première phase de l'élaboration du plan de gestion UNESCO de la cathédrale.
Composés de représentants de l'État et de la cathédrale, de membres de l'Office du tourisme, du Centre des monuments nationaux, des associations historiques, patrimoniales ou culturelles, ces groupes de travail, qui réunissaient l'ensemble des acteurs intéressés à la cathédrale, avaient pour mission d'élaborer un diagnostic partagé de la gestion existante autour des trois thématiques qui fondent le classement de la cathédrale Notre-Dame de Chartres au patrimoine mondial : Conservation, restauration, protection des abords, cohabitation des usages ; recherche, diffusion de la connaissance, médiation ; développement touristique et économique du bien et du territoire.
Plus qu'un plan de gestion : un plan d'action !
Un grand nombre des propositions validées durant ces débats donneront lieu à des « fiches actions », soumises à l'approbation du Comité de bien, chargé de rédiger le plan de gestion de la cathédrale.
Au sein de ce comité, coprésidé par la préfète, Mme Fadela Benrabia, et le maire, Jean-Pierre Gorges, siègent l'Église, affectataire, l'Architecte des bâtiments de France, conservateur de la cathédrale, la Direction régionale des affaires culturelles, la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement, le Centre des monuments nationaux, la Région et le Département.
Ces fiches action entraîneront des opérations concrètes, financées et inscrites dans le temps, afin de conserver à la cathédrale de Chartres son caractère exceptionnel à l'échelle mondiale. Évoquant les groupes de travail, Jean-Pierre Gorges s'était félicité le 13 octobre dernier, de « la qualité des échanges existants entre les différentes instances et les Chartrains ».
Au-delà des débats légitimes sur des priorités à donner ou sur des partages d'information à favoriser la démarche de concertation porte déjà ses fruits. Pour la préfète, Fadela Benrabia, ce climat d'échange et de confiance revêt autant d'importance que le document final à adopter. De ces sessions s'est en effet dégagée une volonté durable de la part de tous les participants d'avancer main dans la main.
Protéger, conserver et restaurer
C'est l'occasion pour la Ville, en charge de l'« écrin » qui environne Notre-Dame de Chartres, de poursuivre sa communication élargie sur l'esplanade de la cathédrale. La réflexion sur le contenu de l'espace muséographique se poursuit sous l'égide d'un comité scientifique. Quant au projet architectural, ralenti par la pandémie, il doit être soumis dans son dessin actuel à la Commission nationale du patrimoine.
Les groupes de travail ont fait ressortir la nécessité d'améliorer toujours plus la sécurité du bien (plan Vigipirate, mise à l'abri des œuvres en cas d'incendie) et de ceux et celles qui le fréquentent et de réduire aussi les tracas d'entretien causés par les résidus de suie et les coulures de chandelles. Autant de sujets quotidiens pour un site tel que la cathédrale.
S'agissant des abords du site, ont été évoqués par ailleurs le projet de réhabilitation du musée des Beaux-Arts, avec une ouverture totale au public et l'externalisation des réserves sur un site tiers ; le renforcement de la Directive paysagère, qui a pour but de préserver les plus strictes de ses vues, majeures ou secondaires ; l'impact sur les vitraux des concerts à proximité de la cathédrale ; une meilleure utilisation des maisons canoniales ; l'enfouissement, dès que cela est possible, des lignes électriques et la protection de la faune abritée par la cathédrale (chauves-souris, tichodromes échelette, faucons pèlerins anti-pigeons).
Comprendre et diffuser la connaissance
Une meilleure compréhension du bien passe par une réactivation de la recherche sur la cathédrale et ses abords. Avec, par exemple, la mise en place d'un programme de recherche international et la création d'un Centre de ressources documentaires virtuel rassemblant les publications, les archives, les actes de colloques, les études, les œuvres, les articles sur la cathédrale.
Projet que les Archives départementales seraient chargées de mettre en œuvre, la Ville de Chartres apportant sa contribution, grâce à ses importants centres de ressources que sont la Médiathèque L'Apostrophe et les Archives municipales.
À l'attention des jeunes publics, il a été notamment suggéré d'étendre les classes patrimoine et les ateliers proposés par la direction de l'archéologie. La mise en place de stages intensifs sur la technique du vitrail viendrait conforter le statut de capitale du vitrail de Chartres et son label « ville d'art et métiers d'art » obtenu récemment.
Développer le bien et son territoire environnant
Afin d'avoir une connaissance plus précise des visiteurs et de leurs attentes, la question se pose sur l'installation d'un dispositif de comptage. Une étude de fréquentation et de positionnement touristique est aussi suggérée : origines des visiteurs, flux, autres sites visités, hébergement, panier moyen et consommation touristique sur le territoire, autant d'informations à comparer avec les autres cathédrales gothiques majeures.
Diffuser des célébrations ou des concerts à l'étranger pourrait permettre d'accroître la notoriété internationale de la cathédrale. Idem en mettant davantage en valeur les chemins d'itinérance douce et les sentiers empruntés par les pèlerinages convergeant vers la cathédrale ainsi que la Véloscénie, 450 km de routes et chemins qui relient Paris au Mont Saint-Michel via Versailles et Chartres.
Par ailleurs, la coopération, d'abord à l'échelle régionale, des sites inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO est vue comme un impératif, comme l'est la constitution d'un club des cathédrales françaises UNESCO (avec Bourges, Amiens, Albi, Reims, Notre-Dame de Paris…). Pourquoi pas aussi créer un événement autour de l'épisode historique du sacre d'Henri IV, seul roi couronné à Chartres.
« Un phare »
« Pérenniser la fréquentation touristique en assurant le développement durable du territoire, à la fois tourné vers l'avenir et la réponse aux attentes des visiteurs et des habitants, et respectueux du caractère sacré de l'édifice et de la fragilité de son écrin paysager », a expliqué Élisabeth Cayrel, la consultante missionnée pour accompagner la démarche d'écriture du plan de gestion.
« Il est important de considérer la cathédrale comme un “phare” pour l'identité du département d'Eure-et-Loir et mais aussi comme un levier pour le développement de la Ville et de l'Agglomération, » ajoutait la préfète en octobre dernier.
Soulignant la distance égale entre Orly aéroport - Paris et Orly aéroport - Chartres, Jean-Pierre Gorges, lui, pointait là un atout important pour la croissance de l'offre touristique en Eure-et-Loir d'ici 2024, année des Jeux olympiques à Paris et… du millième anniversaire de la crypte Saint-Fulbert de la cathédrale de Chartres.
