Actualités de la Ville de Chartres

Outils et services

Outils et services

Trait d’union entre Chartres et Autricum

Trait d’union entre Chartres et Autricum - interview de Mathias DupuisArchéologie

06 octobre 2023

Mathias Dupuis, directeur de l’Archéologie de Chartres métropole, retrace l’histoire du cloître Notre-Dame et sa profonde mutation à la fin du XIXe siècle, et évoque son avenir.


Toutes les grandes agglomérations romaines étaient organisées autour de deux axes routiers majeurs, dénommés le cardo et le decumanus, à l’intersection desquels se situait le centre monumental de la ville. À Chartres, ce croisement se trouve immédiatement au nord-ouest de la cathédrale, au niveau du point culminant de la vallée de l’Eure, où Gaulois et Romains décidèrent d’implanter le chef- lieu de la cité des Carnutes. Les recherches archéologiques conduites dans les années 1960 sur le site de la rue Sainte-Thérèse ont ainsi dévoilé les vestiges du forum, le grand espace public qui bordait l’une de ces deux voies à l’époque romaine. Dans les années 1990-1992, les fouilles réalisées sur le parvis de la cathédrale – et dont de nombreux Chartrains se souviennent encore – ont révélé la présence d’un grand édifice du IIe siècle de notre ère, formé par un cryptoportique, c’est-à-dire une galerie souterraine autour de laquelle s’organisent différentes pièces et bâtiments.

Une continuité entre la ville antique et la ville médiévale

Nous n’avons jamais retrouvé les vestiges de la première cathédrale, sans doute érigée dès le Ve siècle, à partir du moment où la ville romaine d’Autricum devint le siège de l’un des plus grands évêchés de Gaule. La position de la cathédrale actuelle, reconstruite à partir du XIIe siècle, trahit cependant la continuité entre la ville antique et la ville médiévale : édifiée plus de 1 000 ans après les bâtiments gallo-romains que nous  venons  de  mentionner, l’église est parfaitement alignée avec ces derniers.

Au cours du Moyen Âge, et jusqu’à l’aube de la Révolution, c’est autour de la cathédrale que s’organise la vie spirituelle et politique, dans les limites d’un quartier que les textes désignent comme le cloître Notre-Dame. Le tracé du rempart qui le protégeait et la position des portes qui le fermaient chaque nuit sont encore lisibles au détour des rues.

Démolitions successives

Pourtant, le cloître Notre-Dame a subi les outrages du temps. L’Hôtel-Dieu, qui abritait indigents et malades depuis le XIIe siècle, est démoli dès 1867. Les maisons médiévales construites devant la façade de la cathédrale sont progressivement rasées à partir de 1869. Une école communale de filles (future école Gérard-Philipe) est construite en lieu et place de l’Hôtel-Dieu à partir de 1878. Au nord-ouest du cloître, le rempart est arasé, remplacé par une école communale de garçons (futur collège Jean-Moulin).

Face au clocher nord de la cathédrale, deux bâtisses échappent miraculeusement aux destructions en 1911 grâce à la découverte d’une façade sculptée. Le long de la rue de l’Étroit-Degré, les démolitions se poursuivent et laissent la place aux bâtiments en béton construits après-guerre : l’un abrita longtemps le Bureau d’information jeunesse, l’autre est actuellement le siège de la Cosmetic Valley.

Toujours plus de touristes et de pèlerins

Tandis que la ville se transforme, sa population et ses usages évoluent. Une forte conscience patrimoniale se développe au début des années 1960 sous l’impulsion d’André Malraux, premier ministre français des Affaires culturelles. Chartres lui doit l’instauration en 1964 de son secteur sauvegardé, l’un des premiers créés en France. En 1979, la cathédrale est, avec le Mont-Saint-Michel et la basilique de Vézelay, l’un des premiers monuments français inscrits par l’Unesco sur la liste du Patrimoine mondial. Cette reconnaissance attire toujours davantage de touristes et de pèlerins dans l’un des plus grands sanctuaires chrétiens d’Occident. À partir de 2001, l’équipe municipale entreprend de libérer le cœur de ville de la présence automobile pour redonner toute sa dimension à son patrimoine historique. Le centre-ville se métamorphose et les voitures laissent progressivement la place aux terrasses et piétons. Paradoxalement, le périmètre du cloître de la cathédrale évolue peu, les intentions d’évolution étant excessivement conditionnées par les contraintes qui accompagnent la présence du monument.

L’esplanade : un lieu de déambulation et de contemplation

Il faut dire qu’il est difficile de concilier l’usage des lieux et le respect de la théorie patrimoniale. La reconstruction d’un front bâti, préconisée dans les documents qui régissent le secteur sauvegardé, paraît aujourd’hui inconcevable. Ainsi, il serait difficilement acceptable que la cathédrale ne se révèle plus depuis le seuil de la rue Jean-Moulin, ni que l’on ne puisse plus en admirer la façade depuis la rue Percheronne. Quant à l’esplanade, pourrait-elle disparaître sous de nouveaux bâtiments quand elle est désormais, par excellence, le lieu des convergences cultuelles, des déambulations urbaines ou de contemplation des amoureux du patrimoine? Cette grande ouverture actuelle sur la cathédrale et son portail royal est incontestablement le principal point de rayonnement vers l’ensemble de l’offre culturelle et touristique qui s’est étoffée et évolue autour de la cathédrale: le projet de rénovation et de redéploiement du musée des Beaux- Arts, l’ouverture de la conciergerie touristique moderne que développe C’Chartres Tourisme, la réouverture du Trésor de la cathédrale dans la chapelle Saint-Piat, la future Maison internationale de la cosmétique dans l’ancien collège Jean-Moulin, etc.

Le projet de réaménagement du Cloître Notre-Dame s’inscrit ainsi dans la continuité de cette longue histoire urbaine. Il vient révéler, mettre en lumière et sublimer ce quartier, cette véritable « ville dans la ville » qui entoure la cathédrale. L’histoire et l’archéologie occupent une place centrale dans cette démarche, fondée sur la connaissance et le respect du passé, mais résolument tournée vers l’avenir.

Le projet restituera aux Chartrains un patrimoine méconnu

L’organisation de l’espace public propose ainsi de dégager l’esplanade, tout en matérialisant ses limites historiques par des espaces de repos et des îlots végétalisés. À travers la rénovation et l’ouverture au public de plusieurs bâtiments anciens  (maisons  canoniales, école Gérard Philipe), le projet restituera aux Chartrains un patrimoine méconnu. Quant à l’équipement touristique et culturel qui viendra occuper le sous-sol de l’esplanade, il constituera un théâtre exceptionnel pour la valorisation des vestiges archéologiques du sous-sol, et une mise en scène de l’histoire et de la richesse de la ville.


Aménagement de l'esplanade la cathédrale de Chartres

En savoir plus sur le programme d'aménagement.

Téléchargez gratuitement l'application Chartres

Cliquer pour accéder à Google Play (nouvelle fenêtre)

Cliquer pour accéder à l'App Store (nouvelle fenêtre)

Rejoignez-nous

Facebook – Ville de Chartres     Twitter – Ville de Chartres

YouTube – Ville de Chartres    Instagram – Ville de Chartres