Le général Charles de Gaulle a prononcé ces mots le 23 août 1944, il y a 80 ans, sur le perron de l'ancien hôtel des Postes quelques jours seulement après la libération de la ville par les Alliés. Pour célébrer cet anniversaire historique, la Ville organise le 26 août prochain une journée de commémoration.
Remontons dans le temps, il y a 80 ans… « C'est le mois d'août, une période festive mais ternie par quatre années d'occupation, raconte Yves Cuzin, conseiller municipal délégué à la Mémoire, vice-président national de la Réunion des officiers de réserves spécialistes d'état-major, président de l'Historial militaire de Chartres et d'Eure-et-Loir, et passionné par l'histoire de la Ville. Les Allemands ont déjà quitté Chartres. Le seul intérêt que la ville a pour eux, c'est le passage des munitions. Les voies ferroviaires deviennent alors un objectif. Ce qui explique les bombardements aux Grands-Prés et sur le viaduc des Trois-Ponts, même si celui-ci est peut-être une erreur de cible. En effet, les Anglais bombardent de nuit à basse altitude, et les Américains de jour à très haute altitude. La précision de tir sur objectif est assez restreinte. De plus, si le premier avion anglais se trompe de cible, tous ceux qui suivent répètent son erreur ».
Quatre jours de combats décisifs « Quoi qu'il en soit, la plupart des Allemands ne sont plus dans Chartres quand arrivent les Américains. Ils sont essentiellement retranchés au sud-est de la ville, dans le triangle Chartres – Luisant – Le Coudray. Le 15 août 1944, les Américains arrivent par le sud-ouest, en direction du nord et de l'est, pour un mouvement enveloppant. » Durant la nuit, les Allemands font sauter les coupures (ponts et autres) : une manœuvre retardatrice qui a pour but de gêner la poursuite de ses arrière-gardes. « Le seul pont qui ne sera pas détruit sera celui de la porte Morard. » Le 16 août, un blindé américain entre dans Chartres par la place Châtelet et la rue Sainte-Même. Des combats meurtriers ont lieu, notamment dans le cimetière Saint-Chéron.
Le 18 août, le quartier de Beaulieu est libéré, puis toute la ville. Le drapeau français est hissé sur le clocher nord de la cathédrale en signe de victoire. Chartres est libérée !
Un enfant (Serge Robin) assis sur une bombe US de 500 kg tombée sur la Roseraie dans le quartier de Rechèvres, avant d'être désamorcée, le lendemain. (photo inédite, Historial militaire de Chartres et d'Eure-et-Loir).
Journée de commémoration le 26 août
1944 : quelques rues mutilées (Un texte de Jean-Francis Ressort)
Et tout ça provient d'un « carnet » de photographies originales sagement rangé sur une étagère. Les demoiselles Chiffard, filles du fabricant de bougies de la rue Saint Brice, ont immortalisé ces moments destructeurs. Chaque photographie n'aura droit qu'à un court commentaire, comme dans un album photos !
À celles et ceux qui veulent se souvenir de cet enfer, ce clin d'œil de l'Histoire !
Rue des Côtes : tas de ruines des maisons. Celle encore debout deviendra le siège de la « Caisse Régionale de Crédit Mutuel Agricole » (Photo prise le 13 juin 1944)
La rue Saint Michel (le 13 juin 1944), en direction de la Place de l'Étape au vin.
La rue des Perriers : les maisons Autin sont rasées, mais on aperçoit le château d'eau (rue des Comtesses) Basse ville, le long de l'Eure (15/16 août 1944).
Le pont sur le boulevard de la Courtille (photo août 1944).
L'entrée de la rue de la Porte-Morard : maisons incendiées par les Allemands. Le pont est resté debout grâce au courage de résistants.
Vue de l'intérieur de la Collégiale Saint-André, incendiée par les Allemands.
Chartres dans la tourmente, par Paul Guermonprez – Ella Éditions
Disponible en librairie depuis le 1er août, cet ouvrage compile tous les faits marquants, et pour certains méconnus, qui se sont déroulés à Chartres durant la Seconde Guerre mondiale. Enrichi de multiples détails de la vie quotidienne sous l'Occupation et abondamment nourri de témoignages de première main et d'informations, mêlant grande Histoire et récit de la vie quotidienne, il témoigne de ce que la ville a connu : les bombardements, les rationnements, les réquisitions, le marché noir, les actes d'insoumission, les élans de solidarité, les brutalités nazies, l'arrivée des Américains…
Il explique également les particularités de la ville : sa situation géographique à la croisée des routes de l'exode de juin 1940 et de celles de la liberté, en août 1944 ; l'importance stratégique de sa base aérienne qui servi, fin 40, à la Luftwaffe et, fin 44, à l'US Air Force.
Autant d'événements extraordinaires relatés dans ces chroniques où se croisent héros et collabos, victimes et profiteurs, martyrs et bourreaux.