En décembre s'achevaient les travaux préparatoires à la rénovation de la passerelle des ateliers Lorin. Mise à nu, la structure métallique confirmait le mauvais état indiqué dans l'étude sanitaire. En cette fin de premier trimestre, nous la retrouvons presque entièrement restaurée, consolidée selon sa technique d'assemblage originelle : le rivetage à chaud.
« Cette passerelle, comme tous les bâtiments qui composent les ateliers Lorin, acquis en 2017 par la Ville, est classée monument historique depuis 1999, expliquent conjointement le maire Jean-Pierre Gorges, et Isabelle Vincent, adjointe chargée de la Culture et du Patrimoine. À ce titre, les travaux de rénovation sont réalisés en respectant les techniques d'assemblage et de construction qui ont permis sa mise en place en 1880. En plus d'être un trésor du patrimoine chartrain, la structure de la passerelle témoigne de l'âge d'or de l'industrie métallurgique française. »
Les éléments de la passerelle, dont certains avaient atteint leur point de rupture, ont été restitués, remplacés quand il le fallait, décapés et protégés contre la corrosion par l'entreprise Veyer. L'assemblage des différentes parties de la structure a été effectué en respectant le rivetage originel : le rivetage à chaud. Typique de l'essor de l'industrie métallurgique au XIXe siècle, cette technique était utilisée pour la fabrication, entre autres, des machines à vapeur, des ouvrages d'arts (ponts, viaducs, écluses, etc.) et de monuments aujourd'hui classés.
Trésor du patrimoine chartrain, la structure de la passerelle témoigne de l'âge d'or de l'industrie métallurgique française.
Le rivetage, késako ?
Popularisé par Gustave Eiffel qui l'utilisa pour édifier sa célèbre tour, le rivetage à chaud n'est plus utilisé de nos jours du fait de sa mise en place complexe. En effet, quatre ouvriers sont nécessaires pour installer un rivet. Le rivet est un élément d'assemblage métallique forgé en atelier qui se présente sous la forme d'une tige cylindrique munie d'une tête dite première. Sur le chantier, il est chauffé quelques minutes à plus de 1 100 °C dans une forge à gaz. Un premier ouvrier l'en sort et le met en place dans le trou d'assemblage. Un deuxième l'enfonce à l'aide d'un marteau, puis le maintient avec un outil appelé tas. Un troisième forme la tête seconde du rivet, à l'autre extrémité de la tige, en utilisant un marteau pneumatique. Enfin, le quatrième ouvrier aide si nécessaire l'un de ses trois collègues.
Maçonnerie et ferronnerie
Parallèlement à ces travaux, le travail sur les lots maçonnerie et ferronnerie se poursuit. « Le groupe Pavy a déjà entrepris une campagne de purge sur la maçonnerie dans le but de rendre compte de l'état sanitaire des pierres et briques, indique Jennifer Khimoun, architecte de l'agence APGO Architecture & Patrimoine. Cela nous permet de connaître les pierres que l'on peut remettre en place et celles que l'on doit remplacer. »
Des essais de joints auront lieu prochainement. Les culées (éléments de maçonnerie supportant la passerelle sur chacune des rives) devront ensuite être confortées à l'aide de tirants. Les piliers en pierre de taille du portail d'entrée ont été déposés pour permettre la reprise de leurs fondations et retrouver la stabilité de l'ensemble.
« Les garde-corps et le portail, après état sanitaire, sont en cours de sablage en atelier par l'entreprise Tempier. Les travaux de restitution des éléments décoratifs disparus, de remplacement des pièces trop abimées et le redressement des garde-corps, qui avaient vrillé de par la déformation de la passerelle, sont également en cours. Une étude des anciennes teintes a été menée en amont du chantier pour définir la teinte originelle et la restituer sur les ouvrages de ferronnerie », précise Jennifer Khimoun.
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