Pan de l'identité architecturale et paysagère de Chartres, les jardins de l'Évêché voient leur pérennité être menacée par des fragilités progressives et une certaine instabilité géologique. Face à l'urgence de la situation, la Ville a officiellement lancé un plan d'action au profit de leur sauvegarde, qui permettra également de répondre aux besoins de stationnement résidentiel en basse ville par la création de deux parkings souterrains.
L'histoire des jardins de l'Évêché remonte aux XVIIe et XVIIIe siècles, période de leur conception par les évêques de Chartres qui disposaient à cet emplacement du palais épiscopal, lieu de résidence situé à l'est du cloître Notre-Dame, derrière la cathédrale. Trésor patrimonial par excellence, ces jardins à la française font la connexion entre la ville haute et la basse ville, quartier industriel de Chartres pendant le Moyen Âge, sur laquelle ils offrent un point de vue unique.
En 2017, la Ville a fait l'acquisition pour un euro symbolique du palais épiscopal, devenu musée des Beaux-Arts dans les années 30, et des jardins de l'Évêché.
Engagée dans la valorisation de l'édifice et de ses collections, elle a également constaté la vétusté des jardins, constitués de remblais en terrasses accumulés pendant des siècles. Ces ouvrages ont été d'autant plus fragilisés par les venues d'eaux pluviales et parfois, de leur absence de gestion notamment pour celles de la cathédrale, dont on ne sait pas où elles sont toutes évacuées, ainsi que par la végétation sauvage.
Une pérennité menacée
Un vide de dissolution, appelé fontis, est apparu en juin 2021 sur une surface de 5 mètres de diamètre et sur 2,5 mètres de profondeur. Cet effondrement, au niveau du jardin du labyrinthe, a engendré la fermeture de l'accès au site, par sécurité.
Plus globalement, c'est toute la pérennité de l'ensemble du site qui est menacée. À cette détérioration partielle s'ajoute des fissures structurelles sur les murs de soutènement des terrasses de l'Évêché et une relative instabilité géologique.
Une caverne a été découverte en partie inférieure, identifiée comme une grotte d'excavation en calcaire datant de l'époque des bâtisseurs des cathédrales. Une inspection des spéléologues et du GRIMP (Groupe de reconnaissance et d'intervention en milieu périlleux) a permis d'identifier une fissure de décharge dans la voûte de la cave, due à la pression du poids du mur supérieur. Elle démontre le mouvement du sol et le risque d'un glissement de la terrasse qui pourrait aller jusqu'au bord de la chapelle Saint-Piat et porter préjudice à la cathédrale, selon les géotechniciens.
En novembre dernier, l'effondrement d'une partie du coteau déstabilisé au niveau du parking public sous l'hôtellerie Saint-Yves, soit un morceau de mur de plusieurs centaines de kilos, a nécessité la prise d'un arrêté de fermeture immédiate du parking, en attendant les travaux conservatoires, pour éviter tout accident.
Place à l'action !
Pour remédier à la dégradation des jardins de l'Évêché, la Ville a acté, lors du conseil municipal du 13 mars, le lancement d'un concours destiné à concevoir le projet qui permettra de sauver le site et d'en restituer toute la splendeur.
Fidèles à l'histoire doublement millénaire de Chartres, nous rendrons aux Chartrains et aux touristes des jardins de l'Évêché stables et embellis.
« Bien nous en a pris de fermer les jardins de l'Évêché dès l'apparition des premiers signes de détérioration en 2021, rappelle le maire Jean-Pierre Gorges. Les prescriptions sont là et désormais, il nous faut conduire des travaux nécessaires à la consolidation des jardins. Fidèles à l'histoire doublement millénaire de Chartres, nous restituerons aux Chartrains et aux touristes des jardins stables et embellis. »
Comme pour chaque projet d'aménagement réalisé par la Ville, les équipes de C'Chartres Archéologie vont être mobilisées cette année dans le cadre d'une investigation préalable des lieux. Ce diagnostic permettra de réaliser des sondages sur le terrain tout en tenant compte de ses contraintes. De cette manière, il sera possible d'observer les niveaux de recouvrement d'occupation humaine présents sous les jardins, avant de planifier les opérations de fouilles archéologiques, une fois le mur de soutènement conforté sur 6 mètres de remblais accumulés au fil du temps.
Une opportunité à saisir
Ce plan ambitieux de sauvegarde et d'embellissement des jardins de l'Évêché s'accompagne d'une réelle opportunité pour la Ville : répondre à la dynamisation de la basse ville et d'un grand besoin de stationnement résidentiel.
« La consolidation des jardins nous donne l'occasion d'améliorer la vie des habitants de la basse ville. Ce mieux-être passe par la quasi-suppression d'un trafic de transit encore trop important (plus de 350 véhicules par jour) au regard de l'étroitesse des rues, qui font le charme et le caractère de ce secteur historique, résumait Jean-Pierre Gorges dans son interview du Votre Ville de mars. Cette volonté de conserver intact le cadre de vie des riverains se heurte à un deuxième obstacle : l'absence de stationnement suffisant. Nous voulons profiter des travaux des jardins pour régler cette question, conformément à notre stratégie valable sur l'ensemble de la ville. En ville, nous demandons à la voiture de ralentir puis de se cacher en sous-sol si elle veut rester à l'arrêt. Aujourd'hui, c'est impossible en basse ville. »
Le parking Saint-André combinera deux opportunités : consolider les jardins de l'Évêché et répondre aux besoins de stationnement des résidents de la basse ville.
Par conséquent, la Ville projette de construire deux parkings résidentiels. Le premier, nommé Saint-André, sera réalisé sous les jardins de l'Évêché. Il offrira entre 400 et 500 places aux résidents du secteur tout en participant à la consolidation des jardins grâce à un soubassement en dur au-dessus duquel les jardins seront réaménagés. Dénué de toute pollution visuelle et de sol artificialisé, le parking Saint-André désencombrera les rues de la basse ville et permettra de rouvrir les liaisons piétonnes entre la basse ville et la ville haute, rendues accessibles aux personnes à mobilité réduite. Tout un ensemble historique dont le lien sera, à terme, recousu…
Solution complémentaire, un second parking résidentiel souterrain de 250 places minimum sera créé en basse ville, en lieu et place du Cirfa. Directement accessible depuis le boulevard de la Courtille où circulera le BHNS, le parking Saint-Pierre sera surplombé d'un belvédère paysager. Ses atouts : un point de vue exceptionnel sur les chevets des églises Saint-Pierre et Saint-Aignan, avec la cathédrale en arrière-plan, dans le prolongement de la connexion cyclable du Plan Vert. De plus, ce projet donnera l'opportunité d'effacer le stationnement en surface de la place Saint-Pierre, qui arborera un nouveau visage.
La création du parking Saint-Pierre, à la place du Cirfa, offrira un nouveau visage au quartier entourant l'église.
« Ces deux projets de parkings sont étroitement imbriqués dans la mesure où ils offriront plus de 700 places résidentielles aux riverains de la basse ville tout en réglant la question des jardins de l'Évêché. Ils seront également complétés d'actions inscrites dans le principe de la « ville apaisée » puisque nous pourrons réaménager les rues anciennes sur le modèle de la ville haute, sans trottoirs, avec un accès limité aux véhicules grâce à l'extension de la zone bornée et une priorité de circulation rendue aux résidents. »
Nous réaménagerons les rues anciennes de la basse ville sur le modèle de la ville haute.
Tout comprendre sur les jardins de l’Évêché
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