Le conseil municipal de mars a tenu son débat d'orientations budgétaires 2025. Celui-ci précède l'examen du Budget qui sera soumis au vote du conseil ce mois-ci. Pour résumer : stabilité fiscale au service d'une stratégie réaffirmée. Les explications de Franck Masselus, adjoint au maire en charge des Finances et de la Prospective.
Votre Ville :Au vu du contexte national, comment avez-vous préparé ce budget 2025 ?
Franck Masselus : De dissolution en élection, de Premiers ministres successifs en motions de censure à répétition, nous avons tenté de réduire les incertitudes qui s'imposaient à nous. Cette situation va durer, puisque les recettes de l'État, notamment la TVA, dépendent de la croissance et donc de l'activité économique. Celle-ci, annoncée d'abord comme supérieure à 1 %, voit l'estimation de sa progression diminuer à chaque mois qui passe. Or, la taxe foncière reste aujourd'hui le seul outil fiscal à la disposition des communes depuis la suppression de la taxe d'habitation : nous n'avons plus de véritable marge de manœuvre… Moyennant quoi nous devons atteindre et respecter nos 4 objectifs permanents : garder stables les taux de la fiscalité locale, comme nous nous y sommes engagés vis-à-vis des Chartrains aux élections de 2020 ; maintenir un niveau d'investissement satisfaisant ; garantir notre capacité à rembourser notre dette qui a justement servi exclusivement à investir. Et enfin maintenir nos grands équilibres financiers, c'est-à-dire contenir l'augmentation de nos dépenses de fonctionnement, malgré les obligations croissantes que l'État nous impose. Un exemple : nous allons devoir cotiser davantage cette année pour les retraites de nos agents.
Les taux de la taxe foncière resteront inchangés, comme la taxe d'habitation sur les résidences secondaires.
VV : Et donc les impôts locaux des Chartrains ne vont pas augmenter ?
FM : Pas de notre fait ! Le gouvernement et l'Assemblée Nationale ajustent chaque année les bases de l'impôt, qui augmenteront donc cette année de 1,7 %, soit le pourcentage estimé de l'inflation en 2025. Sur ces bases, nous, collectivités locales, appliquons des taux. Ceux-ci à Chartres resteront inchangés concernant la taxe foncière, comme la taxe d'habitation sur les résidences secondaires.
38 millions d'euros d'investissement en 2025
VV : Vous voulez également continuer à investir ?
FM : Environ 100 millions d'euros entre 2025 et 2027, dont 38 millions dès cette année. Cet argent va financer notre nouveau centre technique municipal, une nécessité due à l'extension de Novo Nordisk sur le terrain de notre ancien CTM. Nous allons aussi achever progressivement le réaménagement des abords de la cathédrale, notamment celui de la surface de l'esplanade. Nous allons dépenser également 5 millions d'euros sur les trois prochaines années pour conforter les jardins de l'Évêché où il y a urgence en la matière. Nous n'arrêterons pas pour autant la mise en œuvre de la « ville apaisée » (suppression de feux tricolores, mise en service de nouvelles pistes cyclables dites Gold…). Nous investirons aussi dans la mise en sécurité des écoles, dans la construction d'un nouveau complexe sportif d'excellence aux Clos. Le patrimoine ne sera pas oublié, notamment les ateliers Lorin, la restauration des façades de la Méd'IAthèque, l'amélioration de la situation de la Maison Picassiette, etc. De même, en matière de dépenses de fonctionnement, nous financerons au même niveau (près de 4 millions d'euros) les associations chartraines, notamment sportives : football, rugby, tennis de table, volley…
VV : Comment allez-vous gérer le contrôle de vos dépenses ?
FM : C'est un travail continu depuis plusieurs années, qui passe par la mutualisation des services de la Ville et de l'Agglomération. Nos achats sont également effectués en commun, par la technique des « groupements de commandes ». Nous anticipons d'ailleurs l'évolution de nos dépenses à travers une programmation triennale précise. Nous surveillons en continu l'exécution de notre budget, et aussi la gestion financière de notre dette.
Notre dette est entièrement sécurisée. Et surtout, nous sommes capables de la rembourser car elle n'a servi qu'à financer nos investissements.
VV : Certains, dans vos oppositions, semblent justement s'en alarmer ?
FM : Ce n'est pas très sérieux. Notre dette est entièrement sécurisée. Et surtout nous sommes capables de la rembourser. Elle n'a servi en effet qu'à financer nos investissements. Chacun peut comprendre qu'on peut réguler ses investissements beaucoup plus facilement que ses dérives de fonctionnement. Or, nos ratios d'épargne bruts et nets de fonctionnement sont excellents. Ces excédents de fonctionnement affichent concrètement la qualité de notre gestion. Ils alimentent aussi la confiance persistante de nos partenaires financiers. Notre ratio de désendettement tourne autour de 11 ans. Nos recettes dépendent de moins en moins de l'État et d'autres collectivités : notre premier partenaire en la matière, et de plus en plus, c'est l'Agglomération, à travers la Dotation de solidarité communautaire (DSC), et les attributions de compensation (AC). Au total, trois fois le montant de la Dotation globale de fonctionnement (DGF) que nous verse l'État. De même, la Ville est actionnaire de toutes nos sociétés publiques locales qui gèrent la plupart de nos services publics. Nous recueillons donc les bénéfices financiers de notre gestion excédentaire. Tous ces chiffres figureront noir sur blanc dans le Budget qui sera présenté au conseil municipal courant avril.