Alors que la cathédrale vient de fêter le 40e anniversaire de son inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco, une directive paysagère se met en place afin de fixer des règles de préservation encore plus strictes de ses vues, majeures ou secondaires.
Effacer peu à peu les éléments parasites qui masquent la cathédrale ou en « polluent » les vues. Tel est l’objectif de la directive paysagère, inscrite dans le cadre du Plan de gestion de la cathédrale, lequel est destiné à assurer la protection, la conservation et la mise en valeur du bien. La dernière en date, en cours de mise en place, venant conforter les préconisations du précédent projet de directive de 2013, qui ne protégeait que quatorze cônes de vue.
Ces directives sont un moyen réglementaire de protection destiné à maîtriser l’évolution des paysages, mais surtout un outil de référence pour gérer l’espace. Avec un réseau de vues convergentes sur 360°, le cas de la cathédrale de Chartres, qui occupe une position remarquable dans la plaine de la Beauce, est unique. Et la directive paysagère, qui pose un principe de protection en milieu urbain ou en milieu péri-urbain, sera la seule du genre en France.
Des centaines de vues
Érigée sur une proéminence, la cathédrale a été conçue pour être vue d’aussi loin que possible. Aujourd’hui encore, la vision d’une partie des tours suffit à faire naître une émotion que ses bâtisseurs voulaient susciter. D’autant que, malgré l’urbanisation, les vues sur l’édifice se comptent toujours par centaines, sous tous les angles jusqu’à 29 km de distance et dans des cadres excessivement variés. Elles sont même l’une des composantes de sa… VUE (Valeur universelle exceptionnelle).
Il est donc essentiel de protéger les cônes de vision en prenant dès maintenant des dispositions juridiques pour éviter, par exemple, l’implantation d’éoliennes dans le champ d’étude de la directive paysagère.
Une contrainte et un atout
Pour établir cette nouvelle directive, toutes les émergences du territoire par rapport au terrain naturel ont été modélisées. Ce qui permet, sur une parcelle donnée, de savoir jusqu’à quelle hauteur on peut construire… ou s’il ne faut pas construire du tout.
Elle contient une série de recommandations comme l’encadrement des hauteurs des constructions et des plantations, dans les cônes de vue, l’exclusion des objets de très grande hauteur, la définition d’une palette de couleurs de bâtiments et le choix des candélabres.
En raison de sa proximité avec la cathédrale, la ville de Chartres ne sera impactée que de façon limitée. Avec ses deux beaux cônes de vue, le plateau nord-ouest le sera forcément. Le quartier de la Madeleine et le haut de la ZAC de la Roseraie également. Certaines zones où des immeubles étaient prévus pourraient redevenir inconstructibles. Si aucune démolition ne sera imposée, la directive fournira une justification pour éliminer, au fil des projets de renouvellement urbain, certaines émergences disgracieuses ou qui dépassent largement les plafonds de constructibilité.
L’approche à 360° de la directive paysagère pénalisera ainsi certains petits projets mais elle obligera à réfléchir à la façon de composer le projet urbain pour mettre en valeur les vues et permettra donc de transformer une contrainte en atout.
Exemple d’une vue « propre »
L’axe avenue Jean Mermoz – RD 910 (jusqu’à la sortie de Bois-Paris), l’un des premiers cas de vision protégée par l’ancienne directive et la seule entrée de ville quasiment sans affichage publicitaire, avec du mobilier urbain qui ne fait pas trop obstacle et des bâtiments suffisamment en retrait et construits très bas.
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