Les intervenants étant autorisés dans les établissements scolaires, la Ville, convaincue que la pratique des échecs est un facteur de réussite, relance en décembre le dispositif Échecs à l'école, avec le soutien de la Direction des services départementaux de l'Éducation nationale.
Quelque 260 élèves de CM1 et CM2, répartis dans 11 classes de 6 établissements, prennent part cette année au dispositif « Échecs à l'école », reconduit pour la troisième année.
Avec deux objectifs en ligne de mire : les « parties majoritaires » contre le maire, lancées avant les vacances de février 2021, et le grand tournoi final du mois de juin au Rigeard. À partir du mois de décembre, une heure par semaine, les élèves de cycle 3 vont ainsi alterner théorie (apprentissage de règles, reconnaissance des différentes pièces) et pratique, guidés par un intervenant, Victor Stéphan, dépêché par la Fédération française d'échecs.
Concernant le déroulement des parties majoritaires, rappelons que les élèves d'une même classe défient le maire sur internet via une tablette numérique. Ils se concertent pour décider du coup à jouer, apprenant ainsi à s'écouter, à échanger et à argumenter.
« Les échecs, au même titre que le sport, sont un bon vecteur d'éducation, affirmait Jean-Pierre Gorges l'an dernier. Grâce aux parties majoritaires, ils proposent aussi une simulation de démocratie et cela peut être efficace pour fédérer une classe. »
Un dispositif performant
Pour Patrick Ferrant, directeur de l'école Jacques-Prévert à la Madeleine, le dispositif Échecs à l'école ne présente que des avantages.
Votre Ville : Quel regard portez-vous sur l'activité « Échecs à l'école » ?
Patrick Ferrant :L'intelligence de ceux qui l'ont mis en œuvre a été de dire : « On ne met pas ça qu'en centre-ville ». On a été une des premières écoles à adhérer au projet. Jacques-Prévert, c'est la véritable école républicaine. On y trouve l'ensemble du spectre social. Beaucoup d'enfants vont vers des activités sportives très dynamiques alors que la plupart des matières scolaires nécessitent qu'on soit concentré, attentif. Le projet « échecs » est tombé à pic et il a suscité un réel engouement.
Votre Ville : Quels bénéfices en retirent les enseignants ?
Patrick Ferrant : Les échecs ne garantissent pas l'attention des élèves toute la semaine mais ceux-ci ont découvert qu'on pouvait prendre du plaisir à rester assis sur une chaise au calme pendant une heure et demie, qu'ils avaient, pour certains, des talents de stratèges, et qu'ils possédaient une capacité d'attention inexploitée. Nous les enseignants, nous pouvons ensuite transposer ça dans des activités qui réclament de la tranquillité, comme le calcul rapide.
Le jeu d'échecs permet en outre de lutter contre les déterminismes sociaux. On peut être bon en foot et décrocher plus tard un bac +5. Il faut sortir de ces schémas préconçus que les enfants prennent d'ailleurs un certain plaisir à entretenir entre eux. Les verrous sont dans la tête. Ils ont tous le droit d'être intelligents !
Votre Ville : Tous les élèves jouent le jeu ?
Patrick Ferrant :À ma grande surprise, tout le monde s'y est mis, même les deux ou trois perturbateurs habituels, qui se révèlent d'ailleurs plutôt bons aux échecs. Ce sont des gamins qui n'avaient jamais connu ces moments de calme, tout simplement ! Les filles, elles, tirent très bien leur épingle du jeu parce qu'elles sont souvent les élèves les plus calmes et les plus matures. Quant aux plus petits, ils sont aujourd'hui nombreux à demander à jouer aux échecs après avoir terminé leurs devoirs à l'étude. Pour faire comme les grands. On crée des binômes, le plus âgé se chargeant d'expliquer le jeu au plus jeune.
