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Transformer Chartres en restant fidèle à son histoire

Le Maire de Chartres Jean-Pierre Gorges discute avec le Président de la République Emmanuel Macron aux ateliers LorinCadre de vie

05 octobre 2024

Le patrimoine chartrain a tenu la vedette d'un mois de septembre riche en manifestations diverses. L'occasion pour le maire Jean-Pierre Gorges d'expliquer la stratégie d'ensemble de la municipalité en la matière.


Votre Ville : Première manifestation culturelle au Colisée, ouverture de l'IIliade, le nouveau parc des expositions de Chartres métropole, et les Journées européennes du patrimoine marquées par la visite surprise du président de la République. Quel est, selon vous, le fil rouge qui relie tous ces évènements ?

Jean-Pierre Gorges : Le patrimoine évidemment. J'ai déjà dit que lorsque vous devenez maire de Chartres, vous ressentez aussitôt le poids de l'Histoire. C'est une évidence. Après, il faut agir. En 2001, les Chartrains avaient manifesté une volonté claire de renouveau. "La belle endormie", c'est une image, mais qui lasse vite. Quand on parle de patrimoine, on pense immédiatement à celui qui est hérité du passé à travers ses monuments, et aussi à l'urbanisme ancien qui traduit, par sa permanence, une histoire commune. Mais, le patrimoine, c'est aussi celui que l'on bâtit année après année, à travers des équipements publics nouveaux, des logements, qui manifestent par leurs formes et leurs destinations la transformation du visage de la ville et de son activité. Ce n'est pas un hasard si l'Odyssée d'abord, le Colisée et l'Illiade ensuite, regardent directement la cathédrale. Le patrimoine, c'est une part de la vie d'une ville et de ses habitants.

Nos réalisations en matière patrimoniale se font sous le regard attentif de l'État et en collaboration constante avec ses instances.

VV : Qu'avez-vous pensé de la venue d'Emmanuel Macron ?

JPG : Le président de la République a bien choisi les deux objets de sa visite : il a voulu visiter les ateliers Lorin, dont les bâtiments ont été rachetés par la Ville il y a quelques années. Nous avons engagé la restauration des lieux et surtout son activité vitrailliste a repris, revivifiant le fil rouge entre le passé et le présent, entre le monument et l'une des activités qui en ont fait la beauté mondialement célèbre.

Puis, il a voulu voir le résultat de la restauration de la chapelle Saint-Piat et le trésor de la cathédrale désormais installé dans ses murs. Il s'est également rendu dans la cathédrale elle-même, ce qui n'était pas prévu au départ. Depuis vingt ans, l'État travaille à la restauration de la cathédrale avec le soutien de la Ville et de grandes associations chartraines. Cela avait commencé par le « nettoyage » des façades. En parallèle, nous avions très vite limité la circulation automobile et donc les effets de sa pollution sur l'édifice. Ce travail s'était poursuivi par la restitution de l'aspect originel de l'intérieur du monument, révélation magnifique qui continue encore à ce jour. L'État et la Ville donc, car tout ce que nous réalisons ici en matière patrimoniale se fait sous le regard attentif de l'État et en collaboration constante avec ses instances, de la préfecture à la commission nationale du patrimoine et de l'architecture (CNPA), en passant par l'architecte des bâtiments de France (ABF) et la direction régionale.

Nous avons protégé la ville ancienne en étendant la superficie du secteur sauvegardé.

VV : Cette collaboration entre l'État et la Ville va très loin dans le détail ?

JPG : Très loin au sens propre, puisque la directive paysagère, que nous avons voulue et que l'État a prise, protège les vues sur la cathédrale dans un rayon de trente kilomètres. Mieux encore, elle ne protège pas seulement les vues actuelles, celles qui subsistent, mais aussi les vues à venir, quand certains bâtiments-obstacles auront disparu, comme ce fut déjà le cas lors du démontage de l'ancien bâtiment de l'établissement pharmaceutique des armées, derrière l'hippodrome. Cette protection à 360° s'impose à toutes les constructions dans Chartres et à ses alentours. Plus près de la cathédrale, nous avons également protégé la ville ancienne en étendant la superficie du secteur sauvegardé, qui englobe désormais la totalité des constructions inscrites dans l'anneau des boulevards, et donc des anciennes portes de Chartres. Enfin, nous avons commencé à restaurer et à embellir les pourtours immédiats de la cathédrale. Suivra le réaménagement de l'esplanade jusque dans les limites de l'ancien cloître Notre- Dame, à l'intérieur de ses neuf portes déjà matérialisées au sol. Notez que la plupart des rues et des places avoisinantes ont été piétonnisées puis refaites, repavées selon un modèle qui fait l'unanimité.

C'est dans le même esprit que nous avons supprimé l'autoroute urbaine qui traversait le centre-ville, pour ralentir les voitures quand nous avons pu leur proposer un stationnement en sous-sol. De même, nous adoucissons la circulation, en créant des sens uniques dans les rues anciennes. Ou, dans le domaine de la propreté nécessaire, quand nous avons installé des conteneurs enterrés pour la collecte des déchets. 

Notre stratégie part du constat que le patrimoine est une richesse non délocalisable.

VV : Ces protections concentriques dans l'espace répondent donc à une stratégie bien précise ?

JPG : Elle a été définie et mise en œuvre dès les premières années du premier mandat. Je l'ai exposée lors d'un congrès régional de professionnels du patrimoine qui se tenait à ChartrExpo. Nous étions au tout début des années 2000, et pour dire les choses crûment, les villes à la fin du XXe siècle n'avaient pas de plan en matière patrimoniale. Après la guerre, il avait fallu d'abord reconstruire, puis ensuite construire des logements pour tous les habitants qui arrivaient de la campagne pour accompagner l'industrialisation du pays. Chartres ne faisait pas exception.

Notre stratégie, constante depuis, partait du constat que le patrimoine était une richesse pour la Ville, et une richesse non délocalisable, à une époque où la désindustrialisation commençait à sévir. Il nous fallait d'abord sélectionner dans le bâti ancien ce qui devait être conservé. Il fallait ensuite le restaurer et l'entretenir. Puis l'animer de l'intérieur, quitte à lui trouver une utilité nouvelle, l'Apostrophe en étant le meilleur exemple quand nous l'avons installée dans l'ancien hôtel des Postes. Ce fut également vrai pour l'actuel cinéma réduit alors à un garage fermé. Vrai encore de l'ancien cinéma l'ABC devenu le théâtre Le Off. Vrai toujours de l'ancien cloître des Cordeliers, alors abandonné, qui abrite aujourd'hui le Conservatoire.

Et même les constructions nouvelles ont respecté cet impératif, jusqu'en sous-sol. Ainsi, le nouveau parking Cœur de ville, emblématique alors du travail de modernisation de Chartres que nous entreprenions, a sacrifié des places de stationnement pour révéler les restes du ravelin qui fortifiait l'ancienne porte des Épars, sous l'actuelle place du même nom. Enfin, ces bâtiments remarquables devaient être animés et illustrés de l'extérieur : ce fut très vite la naissance de Chartres en lumières, et la réussite aujourd'hui de l'association Chartrestivales va dans le même sens.

Il est difficile de restaurer l'intérieur de certains immeubles sans les déconstruire avant de rebâtir les façades à l'identique.

VV : Nous avons parlé du patrimoine public, mais la Ville s'occupe aussi désormais du patrimoine privé …

JPG : Un bijou vaut aussi par son écrin. C'est encore plus vrai dans une ville, car c'est dans l'écrin que les habitants vivent. Ce n'était pas notre priorité des débuts, il y avait tant à faire. Mais, nous avons remarqué très vite que les immeubles au-dessus des commerces du centre-ville historique s'étaient progressivement vidés de leurs habitants, fragilisant notamment les commerces de bouche, mais aussi la vie du quartier dans son ensemble. Nous avons donc engagé l'opération Cœur de Ville, avec pour objectif de repeupler ce centreville historique.

Nous avons commencé par son aspect esthétique en incitant les propriétaires d'immeubles remarquables à restaurer les façades de ceux-ci. Au fur et à mesure des chantiers, nous avons constaté que le vieillissement des façades cachait parfois le délabrement des intérieurs eux-mêmes. Et aujourd'hui, il apparaît de plus en plus que dans ce secteur sauvegardé, désormais élargi, il sera parfois difficilement possible de restaurer l'intérieur de certains immeubles sans procéder au préalable à la déconstruction des façades elles-mêmes avant une reconstruction à l'identique. Là encore, nous travaillons main dans la main avec l'État. Je dis cela pour certains « esprits simples » qui prétendent que nous favorisons des constructions « sans âme » et sans stratégie urbanistique.

Les plus grands architectes sont venus travailler à Chartres.

Bien au contraire, nous nous attachons en permanence à respecter notre stratégie originelle, le projet Noël-Ballay en étant l'illustration, comme le style des nouveaux immeubles de La Madeleine, avec des toits pentus et des parkings en soussol. Même les bailleurs sociaux privés s'en inspirent comme rue de la Roseraie où ils restructurent les logements existants. C'est l'ensemble de la ville qui répond désormais à ces exigences.

Le développement économique de Chartres et de l'Agglomération nous amène et va nous amener de nouveaux habitants et de nouvelles familles, qui ont pour le logement des demandes en quantité comme en qualité. Aujourd'hui, alors que l'on construit les équipements publics pour une durée de vie de cinquante ans, nous avons toujours demandé aux architectes candidats de nous proposer des projets aussi esthétiques que fonctionnels.

Tout projet doit aussi « plaire à l'œil ». C'est ainsi que les plus grands sont venus travailler à Chartres. De Paul Chémétov (architecte de l'immeuble du ministère de l'Économie à Bercy et du Muséum national d'Histoire naturelle à Paris avant l'Apostrophe ici) à Rudy Ricciotti (façade du cinéma et l'Illiade à Chartres, le Mucem à Marseille) en passant par Jean- Michel Wilmotte (département des arts premiers du Louvre et le Rijksmuseum d'Amsterdam avant notre hôtel de Ville et d'Agglomération), sans oublier Édouard François, (groupement scolaire Henri IV aux Clos), Reichen et Robert (primés en France pour les nouveaux boulevards de Chartres), le cabinet Garcia-Diaz pour le Pôle Gare, etc. Des architectes chartrains se sont également illustrés : Jean-Noël Cordier, pour l'îlot Notre-Dame, rue du Cardinal-Pie. Jean-François Plaze, qui a eu l'idée de dessiner l'Odyssée en forme d'aile d'avion, en référence à l'ancienne base aérienne, Jean-Noël Pichot qui a contribué au Colisée avec les architectes du Groupe Six.

Cette liste est non limitative… Vous noterez enfin que toutes ces constructions se font sans artificialisation de nouveaux espaces. Dans ses quartiers comme dans le centre, la Ville se reconstruit et évolue d'abord sur elle-même. L'âme de Chartres le vaut bien.

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