Pour dynamiser le centre-ville, il faut y ramener des familles. Pour y ramener des familles, il faut rénover les logements. Ce que compte faire la municipalité.
Votre Ville : Comment expliquez- vous le dépeuplement du centre-ville ?
Jean-François Plaze :En grande partie par le fait que la quasi-totalité des logements au-dessus des commerces de centre-ville ne sont aujourd’hui plus habités.
Pour gagner de la place, certains commerçants ont à une époque supprimé les escaliers qui menaient aux étages, rendus ainsi inaccessibles, et/ou rehaussé le plancher du premier étage, le laissant parfois amputé d’une partie de sa hauteur.
Nombre de magasins à Chartres se sont aussi accaparé les venelles, issues du Moyen Âge, qui donnaient accès à leurs cours arrières, interdisant désormais l’accès aux dites cours autrement que par les magasins. De plus le confort thermique, acoustique, et sanitaire reste souvent inexistant, constat national dans les villes moyennes.
Votre Ville : Et les propriétaires dans tout ça ?
Jean-François Plaze :Quand ils ont vu qu’il n’y avait pas d’exploitation fiable des étages, ils se sont focalisés sur les baux de rez-de-chaussée, dont les revenus commerciaux suffisent à leur attente économique, et ont négligé les logements dans tous ces étages.
Il faut aujourd’hui que ces propriétaires comprennent tout l’intérêt qu’ils ont à entretenir leur bien. Car, à très moyen terme, l’état de dégradation de certains immeubles ne permettra même plus l’exploitation de la surface commerciale. C’est le cas du 11 rue de la Volaille, interdit à l’exploitation et à l’habitation depuis décembre 2018.
11 rue de la Volaille (Cliquer pour agrandir)
Des mesures coercitives
Votre Ville : Quel est le principal péril qui menace ?
Jean-François Plaze :Au Moyen Age, on construisait des maisons à ossature bois avec du remplissage entre les pièces de bois. Toute la structure des bâtiments est un assemblage de pièces de bois. Le problème ce sont les variations d’hygrométrie et les alternances répétées d’humidité et de sécheresse, qui finissent par transformer le bois en poudre, fragilisant l’ensemble.
Ces détériorations, nous les constatons dans beaucoup de bâtiments anciens. L’imperméabilisation des enduits de ravalement accentue ce phénomène de pourrissement des bois, accéléré par les fuites de toiture et de zinguerie. On constate également de fortes fissurations dont l’origine est à rechercher au niveau des affaissements de fondations dans les caves, victimes d’infiltrations.
Votre Ville : Quels sont les moyens mis en œuvre pour la réhabilitation ?
Jean-François Plaze :Tout d’abord, à travers les Opérations programmées d’amélioration de l’habitat (OPAH) et la convention signée avec l’ANAH, l’agglomération, compétente en matière d’habitat, met à disposition des propriétaires, des occupants, des syndics… un accompagnement et des aides spécifiques à la réhabilitation.
De son côté, la Ville contribue à la restauration ou à la rénovation des patrimoines privés avec des dispositifs d’aide à la remise en habitation ou à l’adaptation des logements, comme dans le cadre du Plan Action Cœur de ville initié par l’État et auquel elle a souscrit pour le mettre en œuvre, ou encore l’opération Façades, qui est une stricte initiative de sa part.
Au final, de nombreux dispositifs d’aides se côtoient, sur des périmètres et pour des finalités différentes. Pour y voir plus clair, nous avons établi un tableau synthétique.
Cliquer pour agrandir ou télécharger le tableau (png - 157 Ki)
Si les expertises aboutissent à un état de péril, le Maire doit mettre en demeure le propriétaire de réaliser les travaux et se substituer à lui le cas échéant.
D’autres procédures permettent à la collectivité d’intervenir sur des bâtiments définitivement interdits à l’habitation si le propriétaire fait défaut, afin de garantir la sécurité publique. Cela nous permet d’alerter les propriétaires sur l’intérêt qu’ils ont d’anticiper les travaux de rénovation.
Une population plus diversifiée
Votre Ville : Comment redynamiser le centre-ville ?
Jean-François Plaze :Chartres fait partie des 222 villes françaises moyennes retenues pour le programme Action Cœur de ville. Il y a à l’heure actuelle dans le centre-ville beaucoup de petits appartements de type studio occupés par des locataires aux ressources modestes.
Le nombre de personnes âgées est par ailleurs relativement important et en constante augmentation. Pour redynamiser le centre-ville, il faut y ramener une population plus jeunes : des jeunes ménages, des familles.
Les commerces ont besoin de cette population diversifiée et solvable pour la bonne santé de leur activité.
Mais pour cela, le cœur de ville doit proposer des logements plus grands, avec le confort recherché aujourd’hui. Si le parcellaire ne le permet à priori que difficilement, il faut alors revoir la conception. Sur les parcelles étroites il est intéressant de proposer un habitat en duplex par exemple.
Votre Ville : Repeupler signifie créer du stationnement...
Jean-François Plaze :Où mettre les voitures ? C’est un vrai problème à résoudre dans le secteur sauvegardé. Jusqu’à la livraison du parking gare, il n’existera que peu de possibilité de location ou d’achats de places dans les parkings existants. Nous étudions actuellement trois pistes pour augmenter l’offre de stationnement souterrain dans le périmètre du cœur de ville.
210 logements
Votre Ville : Votre volonté touche aussi l’architecture...
Jean-François Plaze :J’ai l’intention d’organiser un tour de table avec les architectes chartrains pour les associer à l’opération Cœur de ville.
Car il y a à l’heure actuelle dans les cartons beaucoup de projets de propriétaires qui veulent rénover. Il ne s’agit pas de faire une copie conforme de la ville, du XIIe jusqu’au XVIe, siècle mais de comprendre l’identité architecturale de Chartres et de la réinterpréter. En faisant par exemple évoluer les façades par l’emploi de matériaux diversifiés, à l’image de ce qui s’est fait au Clos Notre-Dame.
Je veux inciter les architectes à moins de timidité sur le travail des façades, pour poursuivre l’enrichissement de l’architecture chartraine.
Clos Notre-Dame (Cliquer pour agrandir)
Votre Ville : Quels sont vos objectifs pour la mandature en cours ?
Jean-François Plaze :L’OPAH vise la réhabilitation de 210 logements du centre-ville dans les cinq années à venir. On assiste par ailleurs à un renversement de tendance au niveau commercial. Les commerces de proximité ont le vent en poupe et les grandes enseignes s’intéressent aujourd’hui aux cœurs de ville. Les grands investisseurs aussi.
C’est le signe que ces lieux sont en passe de reprendre de la vitalité. Ce contexte rassurant doit faciliter les projets d’habitation et de commerce.
Pour plus d'informations
Loïc Grégoire
Service urbanisme, animateur
- 02 37 88 44 41
- loic.gregoire@ agglo-ville.chartres.fr
Jehanne Amiot
Chargée d’opération Habitat Privé
- 02 37 91 35 93
- jehanne.amiot@ agglo-ville.chartres.fr