Votre ville – Découvrir Chartres

Votre ville – Découvrir Chartres

Les maisons et les hôtels de Chartres

Pour le promeneur, Chartres est un régal. Il ne manquera pas d'ailleurs de remarquer l'ampleur de l'héritage médiéval qu'il reste à la ville. Les maisons et les hôtels font partie de cet héritage.


La Maison canoniale

Cette maison, construite au 13e siècle, a appartenu à différents chanoines, puis au chapitre cathédral, jusqu'à la Révolution.

C'est seulement en 1911, à l'occasion de travaux de ravalement, qu'ont été redécouverts les six tympans sculptés qui surmontent les fenêtres du premier étage, cachés, sans doute depuis le 18e siècle, derrière un revêtement de plâtre.

Les scènes de lutte et de jeu figurées sur le second tympan se retrouvent dans l'album de Villard de Honnecourt, architecte du temps de saint Louis qui établit un carnet de dessins des grands chantiers de son époque. Le reste présente un décor végétal : arum, figuier, vigne et cresson.

Au 16e siècle, la maison fut louée au roi Henri III qui séjourna souvent à Chartres et s'y réfugia lors de la révolte des Parisiens, dite journée des Barricades, en 1588.


Les maisons du Saumon et de la Truie-qui-file

La place de la Poissonnerie offre aujourd'hui un très bel ensemble architectural qui comprend la maison du Saumon et la maison de la Truie-qui-file.

Ce quartier est attesté comme lieu de vente du poisson depuis le début du 15e siècle ; le dernier étal a disparu après 1950. Jusqu'au 16e siècle, le poisson de mer parvient par des bateaux remontant le cours de la Seine et de l'Eure. Ils repartent vers Rouen, chargés de produits locaux.

Jadis, la place de la Poissonnerie était entièrement environnée de maisons à pignons. Elles furent démolies vers 1870 puis en 1960. À droite, se trouve encore la maison de la Truie-qui-file.

En haut à droite, le décor présente une truie qui file sa quenouille, scène inspirée d'une fable antique de Phèdre. La maison du Saumon fut habitée par Catherine Maubuisson, dame de Borville, à la tête d'un important négoce d'import-export. Outre le saumon, la façade présente une annonciation et saint Michel terrassant le dragon. La façade et les combles de l'immeuble ont été classés monuments historiques en 1958.

Le 1er août 1944, des bombes incendiaires ont endommagé ces bâtiments. Les motifs animaliers sculptés au dernier étage ont été exécutés lors de la restauration, dans l'esprit du 15e siècle. La maison du Saumon héberge aujourd'hui l'office de Tourisme de Chartres métropole.


La Maison des Trois-Pigeons

Au n° 16 de la rue saint-Pierre, trône un immeuble de belle allure. La partie la plus ancienne du bâtiment date du 15e siècle. Elle a appartenu à la maison des Trois-Pigeons, noble demeure de la famille de Givès qui fournit des notables à la ville du 14e siècle au 17e siècle et dont les armoiries ornent le tympan de la petite porte (copie récente). L'immeuble plusieurs fois remanié jusqu'au 18e siècle a abrité dans la première moitié du 19e siècle le musée beauceron de la Société archéologique d'Eure-et-Loir. La cour est limitée à l'arrière par de hauts murs de soutènement qui ont pris la place d'une enceinte antique. Ils doivent supporter le chevet de l'église Saint-Aignan. En 1782, ce mur menaçant ruine avait provoqué un mémorable procès entre la Ville, la paroisse et les riverains.


La maison de la Voûte

Place du Cygne se trouve la maison de la Voûte, bel exemple des maisons de pierres construites au Moyen Âge. Sa façade à deux pignons (12e siècle) est percée de quatre fenêtres à arcades et tympans trilobés. Elle comprend une vaste salle de quatorze mètres, aujourd'hui au-dessous du niveau du sol. Elle est agrémentée d'une cheminée et de voûtes supportées par d'imposants piliers sculptés.


Le logis Claude-Huvé

L'élargissement de la rue Noël-Ballay, entrepris au 19e siècle, a été interrompu pour sauvegarder la belle maison construite au 16e siècle par l'apothicaire Pierre Huvé et agrandie par son fils Claude, médecin et humaniste.

Deux maisons en une :

  • la haute façade à frontons appartient à une construction de l'époque d'Henri II (décor Renaissance sur trois niveaux) ;
  • la partie qui la jouxte à gauche appartient à une maison plus ancienne.

À l'intérieur, la façade donnait autrefois sur une cour avec un escalier de pierre menant au premier étage. Philibert Delorme a peut-être dessiné la jolie façade à trois étages.

L'inscription latine signifie que cette maison a été construite pour l'embellissement de la ville et la postérité.


L'hôtellerie des Trois-Rois, rue des Changes

Au 13e siècle, 39 changeurs avaient leurs tables dans cette rue, véritable centre d'activité commerciale de la cité. Construite vers 1300, le « Grand-Perron des Trois-Rois » leur faisait face au n°13. C'était une des plus belles hôtelleries de la ville.

En 1450, elle appartenait à Pierre Beschebien, évêque de Chartres. En 1472, la commune l'acheta pour en faire sa « maison de ville ». Le corps municipal de Chartres y siège jusqu'en 1792.

La façade sur rue est très mutilée mais la façade arrière est demeurée presque intacte. Au troisième étage, une grande salle conserve quelques traces de fresques.


L'hôtel de Champrond

26 place Jean-Moulin, la grande maison à la façade de brique, récemment restaurée, date de la fin du 15e ou du début du 16e siècle.

Elle a servi de résidence secondaire au président Jean de Champrond, un haut magistrat parisien du siècle de Louis XIV. Riche bourgeois, il possédait différentes seigneuries en Beauce et passait une partie de l'année dans son hôtel de la rue du Cheval-Blanc (aujourd'hui 26 place Jean Moulin). Bien connu pour son extraordinaire avarice, il aurait, dit-on, inspiré Molière pour créer le personnage d'Harpagon.

Alité, presque mourant, on rapporte qu'il dit à sa femme : « Madame, je m'aperçois que mon médecin fait durer mon mal autant qu'il peut. Cela finira par me ruiner. Congédiez-le au plus vite et laissez la nature me guérir gratis. »

On dit encore qu'avant de rendre l'âme, il trouva la force de se soulever sur son lit « pour éteindre la chandelle qui lui semblait superflue ».

Sur le portail à arc surbaissé figure le blason de la famille de Champrond représentant un griffon.